Page:Bonnet - Essai de psychologie - Principes philosophiques sur la cause première, 1755.djvu/95

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mouvement qui s’excitera dans l’organe de la pensée : l’ame agira sur la partie de cet organe qui communique à celui du goût ; elle y occasionera un mouvement semblable à celui que le fruit y auroit occasioné par son impression. Les philosophes qui ont avancé que nous ne saurions nous rappeller nos sensations ont erré. Si tel étoit l’état des choses, les sensations qui nous auroient affectés un grand nombre de fois nous paroîtroient aussi nouvelles que si elles ne nous eussent jamais affectés. Il est vrai que l’ame ne sauroit donner aux sensations qu’elle rappelle le degré de vivacité qu’elles reçoivent de leur objet. Et c’est là un des principaux caracteres qui distinguent les sensations des perceptions. Il arrive cependant quelquefois que des sensations que l’ame ne fait que rappeller l’affectent aussi vivement que si elles étoient excitées par l’objet même. C’est ce qu’on éprouve sur-tout dans les songes, où l’ame n’étant point distraite par les impressions du dehors, se livre toute entiere à celles du dedans. Quelqu’un qui s’exerceroit fréquemment dans le rappel