Page:Bonnières - Contes des fées, 1881.djvu/45

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— Tel est son nom — était charmante à voir.
Au bord d’un lac tout fleuri de jonquilles,
Elle habitait le tronc d’un saule creux
Et ne quittait son réduit ténébreux
Plus que ne font les perles leurs coquilles.
Mais un beau jour que, chassant par le bois
Avec sa meute un superbe équipage,
Le fils du Roi menait à grand tapage
Du bois au lac un dix cors aux abois,
Pour voir les chiens et la belle poursuite
Et les pourpoints brillants des cavaliers,
Elle quitta son arbre, et des halliers
Voyait passer le Prince avec sa suite.
Le Fils du Roi, qui saluait déjà
(Car c’est de Fée à Prince assez l’usage)
En voyant mieux un si charmant visage,
S’arrêta court et la dévisagea.
Sauge, sans plus se cacher dans les branches,
En le voyant si beau, de son côté
Le regardait devant elle arrêté,
Droit dans les yeux de ses prunelles franches.