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Les stocks en coton de toutes sortes étaient :

Au 12 avril : 1870. 1869.
À Liverpool 455,000 contre 319,000 balles
Au Havre 83,000 contre 44,400 balles [1]

Et malgré les excédants, quand on demande du coton disponible, on vous répond, surtout du Havre, qu’il n’y en a pas grand choix, et on vous force d’acheter à livrer : Admirez tous ces stratagèmes, qui ne servent qu’à brasser vite les affaires sans la moindre responsabilité de la part du mandataire.

Un mot encore à propos des affaires à terme, qui sont très-commodes aux commissionnaires et d’une tout autre nature que celles à livrer par navire désigné. C’est tout simplement un jeu de Bourse. La loi ne reconnaît pas ces opérations, à moins qu’on ne demande livraison, et dans ce cas, avec l’assistance du courtier, on vous donne ce qu’il plaît au vendeur et à votre commissionnaire, ce dernier toujours indulgent pour son voisin, par esprit de réciprocité (voyez pièce justificative no 3). Si, au contraire, vous voulez régler par différence, comme à la Bourse, voici ce qui peut vous arriver. Si vous perdez et si vous êtes un honnête homme, vous payerez ; mais si vous gagnez, il est permis à votre vendeur de ne pas vous payer, et comme votre commissionnaire lui-même est très-souvent vendeur et acheteur, il vous mène comme bon lui semble. Il ne vendra jamais, au plus fort du mouvement, à un prix élevé, mais il vendra toujours (à lui-même sans doute) chaque fois qu’on lui donnera des limites trop basses.

Comment trouvez-vous, cher lecteur, cette belle organisation systématique pour s’enrichir, inventée depuis la guerre d’Amérique ? (voyez pièce justificative no 4).


  1. Le 24 avril, les approvisionnements disponibles et flottants montaient au Havre à 141,000 balles contre 92,000 de l’an dernier.