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VIII
PRÉFACE.

combats. Il brûlait lui aussi du désir de se signaler, d’imiter ces héros dont il entendait vanter les exploits.

Il eut bientôt la satisfaction de pouvoir réaliser ses rêves de gloire.

Les guerres de religion déchiraient alors la France. La paix de Longjumeau (mars 1568) venait à peine d’être signée que catholiques et protestants reprenaient les armes. Condé et Coligny, inquiétés par Catherine de Médicis, s’étaient enfermés dans La Rochelle, et Jeanne d’Albret parvenait non sans peine à les rejoindre avec son fils. Henri de Béarn venait d’entrer dans sa quinzième année, et ses qualités brillantes donnaient déjà de grandes espérances ; il était impatient d’acquérir gloire et honneur.

Jeanne d’Albret, qui comprenait combien il était important d’attacher à son fils des amis fidèles, cherchait principalement à attirer près de lui les jeunes gentilshommes gascons. Jean de Gontaut ne fut pas des derniers à répondre à l’appel de la reine de Navarre ; et l’accueil qu’il reçut de Henri de Béarn devait l’encourager encore à ne jamais servir d’autre maître que lui. Tous deux du même âge, ayant des goûts semblables, parlant le même langage, ils étaient faits pour s’entendre ; et la familiarité du jeune prince n’excluant pas le respect de Salignac, ils se lièrent de cette vive amitié qui, prenant naissance à l’aurore de la vie, s’épanouit en se fortifiant, à mesure que l’âge mûrit les caractères.

À cette époque où les nouvelles idées religieuses avaient créé la division dans le royaume, il régnait une sorte d’incertitude sur ce qu’il fallait croire et