Page:Bordier - Ambassade en Turquie de Jean de Gontaut Biron, baron de Salignac.djvu/22

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PRÉFACE. XIX

« l’aurés plus agréable que un aultre, comme la royne vostre mère l’a desclaré, et que pour estre du pays, estimé par la noblesse et les catholiques mesmes, gentilhomme d’honneur et de vertu, il se sçaura dignement et avec toute doulceur acquitter d’une telle charge, laquelle néantmoins il a cy-devant refusée, et s’en est voulu excuser. Toutesfois j’ay tant faict qu’il l’a acceptée; estant deslibéré se rendre dans peu de jours à la dicte ville, pour y faire restablir le siège de la justice et rentrer les catholiques qui en sont absens. Mais d’aultant qu’il luy conviendra faire de la despence, et qu’il ne sçauroit s’y maintenir sans grands frais, m’ayant demandé appointemens, je l’ay remis à ce qu’il vous plaira en ordonner, et vous en ay bien voulu escrire la présente pour vous supplyer très humblement, Monseigneur, luy pourveoir sur ce, selon que sa qualité et telle charge méritent : aultrement il ne peut y entrer comme il m’a desclaré. Et du tant qu’en y laissant entrer les catholiques qui sont pour le moins mille ou douze cens personnes, la force qui y est du présent, qui n’est que de soixante six soldats, est foible, il ne pourroit y estre en telle seureté qu’il convient, s’il ne vous plaisoit luy parfaire jusques au nombre de cent, qui n’est que trente de creue. En quoy me semble qu’il a très grande et apparente raison, tant pour ce que le nombre de ceulx des habitans sera plus grand que pour ce qu’il les descharge de toute garde, comme j’estime que c’est pour le mieulx et pour esviter à toutes querelles et divisions. J’espère, Monseigneur, que recevrez contentement de son service.