Page:Borel - Rapsodies, 1868.djvu/99

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Puisse être plus affreux ? qu’il soit plus sombre deuil ?
Songea tous les tourments qui m’attendent au seuil !
Tu restes libre, toi, sans gages, sans promesses.
Relevé de tes vœux, aux bras d’autres maîtresses,
Tu pourras m’oublier…
               (Adrien frappe du pied de colère et se
                    promène à grands pas.)
                                    Pardon, je t’offensais,
Mais le temps éteint tout, et l’amour, tu le sais !…
Venez donc me parler : tu m’effraie à te voir
Marcher et t’agiter ; viens près de moi t’asseoir,
Adrien, que je redise encore à toi-même,
A ta bouche, combien tu m’es cher, que je t’aime !
Adrien, le temps fuit, nous n’avons qu’un moment ;
Viens, faisons nos adieux : qu’on long embrassement,
Ami, scelle la foi qu’à jamais je te jure !
Oui, quand aura la mort réclamé sa pâture,
Que libre je serai de ce honteux époux,
Vous reprendrez vos droits, je serai toute à vous ;
Si toutefois encor vous avez souvenance ?

            ADRIEN avec une rage concentrée.
Traîtresse !…

                                 AGARITE.
                       À cette porte on heurte ; là, silence.