Page:Bornier - Œuvres choisies, 1913.djvu/235

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De toutes les prisons vient briser les barreaux,
Ils font signe à César qui fait signe aux bourreaux !

ELYMAS, aux Juifs.

Les pierres cette fois… Frappez et sans relâche !

LE JUIF

Non, rabbin, je ne sais… mais j’hésite !

ELYMAS

Oh ! le lâche !

LE JUIF

Que veux-tu ? Ce qu’il dit nous parle au cœur à tous ;
Les pierres de nos mains tombent, qu’y pouvons-nous ?

ELYMAS

Peuple stupide, prêt pour toutes les démences !

PAUL

Rabbin, moi je te dis que ces foules immenses,
Ces pauvres gens sans pain, qu’on bâtonne et qu’on hait,
Ce peuple que tu crois semblable au chien muet,
Ces esclaves perdus dans une ombre profonde,
Jetteront un tel cri qu’il remuera le monde !
Du char qui les foulait trop pesant est l’essieu :
Vous, rabbins, leur manquant, je leur apporte un Dieu !

ELYMAS, à part, voyant entrer Afranius.

Le duumvir… enfin ! Cette fois je vais prendre
Ma revanche.

(Allant à Afranius )

Retiens ce que tu vas entendre.



Scène II

Les Mêmes, AFRANIUS
ELYMAS, revenant vers Paul.

César, dont tu parlais avec tant de dédain,
Règne, comme tu sais, aux rives du Jourdain ;
Il reconnaît nos lois, il écoute nos prêtres ;
Si le peuple entraîné par la fureur des traîtres,