Page:Bornier - Œuvres choisies, 1913.djvu/238

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Et César (le César de ce jour que j’annonce)
À ce nom qu’aujourd’hui le mépris seul prononce,
Crîra : Sois mon salut, maître, et sois mon soutien !
Ce triomphe de Dieu, peuple, sera le tien !
Car ce Dieu juste et bon, mort sur la croix infâme,
Aura conquis les rois en refaisant leur âme !
Mais la tienne d’abord, je la veux conquérir :
Pour cela je dois vivre et pour cela mourir.
Hâte-le donc ce jour ! Abrège tes épreuves,
Venez à moi, venez, esclaves, vieillards, veuves,
Tous les déshérités, tous ceux que l’on maudit,
Peuple, ton Dieu se lève, et ton jour vient ! J’ai dit !

UN JUIF

Oui, notre jour viendra !

UN AUTRE JUIF

Je préfère qu’il vienne
Sans plus attendre.

UN AUTRE

Bien ! ton idée est la mienne

UN AUTRE

Comment se nomme-t-il, ce chrétien ?

UN AUTRE

Paul.

UN AUTRE

Fort bien.
Il vaut mieux qu’Elymas : je me ferai chrétien !

ELYMAS

Ce peuple, Afranius, tu vois comme on l’excite !
Ce chrétien, devant toi, duumvir, je le cite
Avec son compagnon. — Jugez-le sans surseoir.

AFRANIUS

Tous deux à mon prétoire ils paraîtront ce soir.