Page:Bornier - Œuvres choisies, 1913.djvu/260

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Elle n’avait de bon qu’un désespoir secret.
Qui déchirait son cœur, mais qui le préparait.
Alors sur ton chemin Dieu plaça cette femme ;
Moins prompt l’oiseau des cieux, moins rapide la flamme !
Son cœur était dompté, quoiqu’il se défendît
Un instant dans l’angoisse : un mot, tout était dit.
Depuis lors seulement, Paul, elle se sent vivre ;
Le calme lumineux qui la charme et l’enivre,
La douceur de connaître et de toucher du doigt
L’immense vérité, Paul, elle te les doit !
Réponds-moi donc : Veux-tu faire de cette femme
L’épouse de ton cœur et la sœur de ton âme ?

PAUL

Ne me dis pas son nom !

LYDIE

Mais ce nom… es-tu sûr
Qu’il t’en serait moins cher ?

PAUL

Il m’en serait moins pur !

LYDIE

Paul…

PAUL

Assez, Lydia !

LYDIE

Qu’ai-je de plus à dire ?
Interroge le Dieu qui t’aime et qui t’inspire.
Faustus et Mégara… c’est lui qui t’inspirait
De les unir. Eh bien ! Paul…


Scène VIII

LES MÊMES, GYRINE
GYRINE, sortant du navire.

Maître, tout est prêt.
Je viens te demander maintenant une grâce.