Page:Bornier - Poésies complètes, 1894.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ces vers, sans me flatter, j’espère,
Tu me les lisais gravement
En disant : « C’est très beau, mon père ! »
Et je le croyais un moment.

Si ta mère, plus difficile,
Hasardait : « Non ! ce n’est pas sûr ! »
On eût dit l’ombre de Zoïle
Qui devant toi sortait du mur.

Nous résistions… Défense vaine !
Il faut céder sur tous les points,
Mais de tes baisers, pour sa peine,
Tu la privais une heure au moins.

Ô joie ! ô tendresse sans trêves !
Naïf orgueil, ferme raison !
Protège, ange pur de mes rêves,
Ces deux anges de ma maison !

Ô ma grande fille aux yeux calmes.
Relisez ces vers toutes deux,
Et je ne veux pas d’autres palmes
Ni d’autre fanfare autour d’eux ;

Ces petits poèmes, ces odes,
Sont peu faits pour le temps qui court…
Mais j’ai vu déjà tant de modes
Dont le triomphe fut si court !