Page:Bornier - Poésies complètes, 1894.djvu/32

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Dans les taillis leurs yeux flamboient,
Le vent hérisse leurs poils roux,
Au loin les chiens de garde aboient…
Bergers, bergers, voici les loups !

Ils ont quitté les monts sauvages
Où la faim aiguisait leurs dents ;
Ils sont prêts pour tous les ravages ;
Alerte, bergers imprudents !
Leur bande hardie et tenace,
Sachant sa force mieux que vous,
Frappe aussitôt qu’elle menace…
Bergers, bergers, voici les loups !

Vous dormez cependant ! Sans doute
Je sais que c’est un dur travail,
Quand on a fait si longue route,
De bien veiller sur le bercail ;
Quand vient la fatigue, mes maîtres,
Je sais que le repos est doux
Sur la feuille sèche des hêtres…
Bergers, bergers, voici les loups !

Peut-être direz-vous encore :
« À s’alarmer on est trop prompt ;
Pour un mouton qu’un loup dévore,
Mille et mille nous resteront ;