Page:Bornier - Poésies complètes, 1894.djvu/39

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V POUR LA CRECHE DU FAUBOURG S A I NT- ANTO IN E a mère est au travail. — L’atelier vaste et sombre, La machine géante aux rouages sans nombre, Le bruit rapide ou lent des balanciers de fer, Le sifflement aigu de la vapeur qui monte, Le hennissement sourd de ces monstres de fonte... La mère est là, dans cet enfer ! La mère est au travail. — A quoi donc songe-t-elle ? D’où lui vient tout à coup cette pâleur mortelle ? Succombe-t-elle au poids du labeur étouffant ? Songe-t-elle aux beaux jours d’été dans son village, Aux murmures du vent dans la lande sauvage ? Non ; elle songe à son enfant !