Page:Bornier - Poésies complètes, 1894.djvu/57

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IX PROMENADE eux jeunes gens passaient le long du boulevard. Ils allaient, regardaient, s’arrêtaient au hasard, L’un était un dandy, l’autre était un artiste, L’un beau, vif, rayonnant, l’autre pensif et triste. « — Morbleu ! dit le premier, sais-tu bien, mon garçon, Que tu portes le vin d’une noire façon ! Tu bâilles comme un antre, et tu soupires comme Un poète sifflé !... Sois moins humble, jeune homme ; Ton drame n’est reçu que depuis avant-hier, Tu ne seras sifflé que le prochain hiver ! Prends jusque-là, mon fils, la vie en patience, Saisis la joie au vol ; c’est la seule science. N’as-tu pas en moi-même un charmant compagnon ? Nous avons déjeuné noblement chez Bignon, -