Page:Bornier - Poésies complètes, 1894.djvu/73

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LES ILES DE SANTORIN 6l

Il est partout, partout flambe sa gerbe énorme ; Contre le feu vainqueur nul abri, nul secours ; Il vient, changeant parfois de cratère et de forme ; Mais tant qu’il n’a pas fait son œuvre, il vient toujours ; Révoltés, conquérants, envahisseurs sauvages, Que ce soit Alaric, que ce soit Attila, Que ce soit Mahomet, pour les mêmes ravages C’est Dieu qui tous les appela ! Obéissant à Dieu, sans remords et sans joie, Inflexible et muet, chacun vient à son jour, Et quand il a passé sur les peuples qu’il broie, Quelque chose de grand a péri sans retour ; Quand le volcan s’est tu, sous le ciel encor sombre, Ici que voyons-nous après ces longs combats ? C’est un peuple, une race, un royaume qui sombre... Mais aussi que voit-on là-bas ? C’est un nouveau royaume, une terre nouvelle, Fille de ce volcan d’où plus d’une sortit ; Et les hommes déjà, s’empressant autour d’elle, Oubliront dès demain celle qui s’engloutit ; Ils fertiliseront ce sol qui vient de naître, Sans songer au passé, sans jamais s’enquérir Si le volcan, plus tard, un jour, bientôt peut-être, Soudain ne doit pas se rouvrir ! Que dis-je ?... vain regret ! Et plus injuste blâme ! N’ôtons jamais l’espoir aux hardis travailleurs ;