Page:Bornier - Poésies complètes, 1894.djvu/86

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« Sur ma tombe, demain muette,
« Semez-les et les y laissez :
« Cela suffit pour un poète ;
« Pour un prêtre aussi, c’est assez ! »

Ainsi, — j’en trouverais la preuve
Dans sa vie et ses vers, je crois,
Le bon prieur de Celleneuve
Nous a parlé plus d’une fois ;

Bon, il l’était, avec délice,
Avec joie et naïveté,
Et le rire de sa malice
N’est que l’éclair de sa bonté ;

C’est qu’il savait, poète et prêtre,
Que pour le triste cœur humain
Le meilleur remède peut-être,
Dieu le mit sur notre chemin ;

Que, dans nos deuils et nos alarmes
Tour à tour à l’homme s’offrit
La bonté qui comprend les larmes
Ou la gaîté qui les tarit !

Oublier les maux de la vie,
Pour une heure au moins ne pas voir
L’orgueil, l’ambition, l’envie,
Les haines et le désespoir ;