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GILLES DE RAIS.

contrées de l’Europe, pour y chercher au profit de son maître des savants qui puissent lui donner, à volonté, les richesses et les honneurs, les villes et les châteaux qui exciteront sa cupidité (art. XXIV) ; le voyage de Blanchet en Italie, d’où il amena François Prélati (art. XXV) ; les différentes évocations qui eurent lieu à l’hôtel de la Suze, à Nantes, à Orléans, à l’hôtel de la Croix-d’Or, jointes à celles de Machecoul et de Tiffauges, viennent clore (art. XXVI) le chapitre de la magie. Aujourd’hui, ces accusations et ces détails piquent la curiosité plus qu’ils n’excitent l’horreur. Il n’en était point ainsi au XVe siècle, où l’on voyait avec raison des crimes abominables dans ces actes sacrilèges, souvent accompagnés de meurtre et de débauche ; mais de nos jours, comme dans ces temps plus reculés, les accusations et les détails qui suivent causent dans les âmes une surprise pleine d’effroi.

Le promoteur y développe les attentats sur les enfants, commis à Champtocé, à Machecoul, à Tiffauges, à Nantes, à Vannes. Cent quarante enfants, peut-être davantage, dit Guillaume Chapeillon, ont été lâchement, inhumainement égorgés avec cruauté par Gilles de Rais et ses complices : péché horrible et contre nature, qui appelle la vengeance divine ; car, dit Hermogène, chaque fois qu’un homme usurpe les droits du Créateur, en tuant une créature humaine, les vertus du ciel ne cessent de crier à la face du divin Juge jusqu’à ce que vengeance soit tirée du meurtrier, destiné aux flammes éternelles. Et cependant ces meurtres sanglants n’ont rien de comparable aux crimes qui les précèdent, les accompagnent et les suivent ; à ces crimes qui souillent l’air que l’on respire (aerem fœdans), et qui étaient terminés invariablement par la crémation des victimes, dont les cendres, jetées aux vents, dans les douves des châteaux ou dans des lieux cachés, étaient les derniers vestiges habilement détruits par les meurtriers. « Et le nombre des victimes, reprend le promoteur, s’élève à cent quarante et peut-être davantage ! » (art. XXVII). Les articles suivants contiennent les détails de ces horreurs : les complices, hommes ou femmes, qui