Page:Bossard - Gilles de Rais dit Barbe-Bleue, 1886.djvu/572

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
cxix
CONTRE GILLES DE RAIS.

audit sire, cels enffant et Poitou presens ; et que, sur ce, ledit sire dist audit Poitou que ledit enffant estoit bien choaisi ; sur quoy ledit Poitou lui respondit qu’il n’y avoit eu que lui a le choaisir, et ledit sire lui dist qu’il n’avoit pas failli et qu’il estoit bel comme ung ange. Et que, assez tost apres, celui enffant s’en alla sur ledit cheval o ledit Poitou, en la compaignie dudit sire. Et dit ledit Colin que, dedans deux ou trois mois apres, il vit a Nantes ung autre que ledit enffant chevaucher ledit cheval ; de quoy se merveilla. Et dient les dessus nommez que depuis ne virent ledit enffant, ne n’oirent ou il feust, sauff que celles femmes dient que, sur la demande que depuis elles en ont fet aux gens dudit sire, en passant par la Rochebernart, les ungs disoint qu’il estoit a Thiffauges et autres qu’il estoit mort, et que, en passant par sur les pons de Nantes, le vent l’avoit fait cheoir en la riviere. Et que, depuis, elles ne virent passer par ledit lieu de la Rochebernart ledit Poitou en la compaignie dudit sire, qui depuis y a passé. Et que, la derreine foiz qu’il y passa, qui fut puis six sepmaines, en venant de Vennes, elles oirent dire a des gens dudit sire a qui elles demandoint ou estoit ledit Poitou, pour savoir de lui ou estoit ledit enffant, que celui Poitou s’en estoit allé par Redon : et ymaginent que s’estoit pour la clamour que, paravant celles heures, avoit fait ladite Peronne de sondit enffant : quelle complainte par les gens dudit sire povoit estre venue a congnoessance dudit Poitou.

De Touscheronde.


Jehan le Meignen et sa femme, Allais Dulis, Perrot Dupouez, Guillaume Gaston, Guillaume Portuys, Jehan le Fevre, clerc, de Saint Estienne de Montludz[1], deposent, par leurs sermens, que, des environ trois ans, ilz ont veu un jeune enffant, filz Guillaume Brice, de ladite parroisse, qui estoit povres homs, frequenter ou bourge de Saint Estienne de Montluz, demander l’aumosne, et ouquel bourge sondit pere demoroit, asgé cell enffant d’environ VIII a IX ans : et mourit sondit pere, environ le temps de karesme prenant eut un an, et estoit celui enffant tres bel filz et avoit nom Jamet : et depposent que, depuis la Saint Jehan derreine, ilz ne le virent ne n’ouyrent nouvelles ou il fust ne qu’il estoit devenu. Et, en oultre, dit celui Dupouez que, environ ledit temps de le Saint Jehan, il incontra un veille femme o le visage vermaill, de l’asge d’entre cinquante a soixante ans, assez pres du prebitere de Saint Estienne, venante devers Coueron[2], ayente sur sa robbe une cotte de linge par dessus ;

  1. Saint Étienne-de-Montluc (Loire-Inférieure).
  2. Coueron (Loire-Inférieure). Les ducs de Bretagne y avaient un château.