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Page:Bossert - Essais sur la littérature allemande, Série I, 1905.djvu/97

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Saxe-Weimar. Lors de l’occupation de la ville par les troupes françaises, après la bataille d’Iéna, Goethe, voulant assurer les jours de sa femme et de son enfant, fit consacrer son union. On a beaucoup disserté sur Christiane, que la société de Weimar fit d’abord mine de repousser à cause de son origine, mais qu’elle finit pourtant par accueillir, après que Charles-Auguste lui en eut donné l’exemple. On l’a trop souvent jugée par comparaison avec Mme de Stein ou avec Lili Schoenemann. Elle était assurément moins distinguée que la première, moins brillante que la seconde; mais, sans être lettrée, elle ne manquait pas d’instruction. Au dire des contemporains, elle avait plutôt de la fraîcheur que de la beauté. « Je suis heureux, dit Goethe dans une lettre à Jacobi (du 1er février 1793); ma petite est soigneuse et active dans le ménage; mon garçon est gai et bien portant. » Enfin, il ne faut pas oublier, lorsqu’on parle de Christiane Vulpius, que la mère de Goethe approuva le choix que son fils avait fait. Christiane est l’héroïne des Élégies romaines, écrites par Goethe à son retour d’Italie, et publiée en 1792. C’est une peinture de l’amour tel qu’il le comprenait alors, de l’amour antique sans alliage romanesque, peinture faite avec une franchise de ton qui étonna les lecteurs de Werther, mais qui éloigne toute idée de libertinage. Il est probable que la traduction de Properce dont Knebel s’occupait alors ne fut pas étrangère à la rédaction de