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Page:Bossert - Essais sur la littérature allemande, Série I, 1905.djvu/99

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que prenaient les événements. Il leur répondit : « De ce lieu et de ce jour date une nouvelle époque dans l’histoire du monde, et vous pourrez dire : J’y étais. » Ce mot solennel, qui figure aujourd’hui dans tous les livres d’histoire, a-t-il été réellement prononcé? Ou, comme d’autres mots historiques, a-t-il été imaginé ou du moins arrangé après coup? Il faut se souvenir que le récit de La Campagne de France n’a été publié que trente ans plus tard. Dans une lettre à Knebel, du 27 septembre 1792, Goethe dit simplement ceci : « Je suis très content d’avoir vu tout cela de mes yeux, et de pouvoir dire, quand il sera question de cette importante époque : quorum pars magna fui. Après avoir méprisé l’ennemi, on commence à le prendre pour quelque chose, et, comme il arrive en pareil cas, on exagère dans l’autre sens, et on le met plus haut qu’il ne conviendrait. » Goethe suivit la retraite de l’armée prussienne jusqu’à Trèves, et, avant de retourner à Weimar, il alla voir son ami Jacobi à Pempelfort, près de Dusseldorf. Mais déjà on annonçait que les Français prenaient l’offensive, et Custine marchait sur Mayence, qui se rendit le 21 octobre. La ville fut reprise par les confédérés allemands, le 23 juillet 1793; Goethe assista au siège et à la capitulation, et il a fait un tableau intéressant de la sortie des troupes françaises. Dans l’intervalle des deux campagnes, il avait commencé à mettre en vers hexamètres l’ancien Poème du Renard, cette « bible