Page:Botrel - Chansons de route, 1915.djvu/186

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I

Dans la houle des blés, que le grand vent caresse.
Les deux bras étendus, je m’avance à pas lents,
Sans fouler un épi sous mes pieds vigilants :
Dans la houle des blés je rame avec ivresse !

II

Dans la houle des blés, un vieux refrain m’enchante ;
C’est la rude Chanson des aïeux obstinés.
Par qui les premiers champs ont été retournés :
Dans la houle des blés la vieille Gaule chante !

III

Dans la houle des blés, des grands villages proches,
Où les plus tristes fronts se sont un peu levés.
Le deuxième Angélus égrène ses Avés :
Dans la houle des blés j’entends prier des cloches !

IV

Dans la houle des blés, pour les gueux et les riches ?
Le soleil cuit déjà le pain blanc, le bon pain
Sans qui l’Humanité disparaîtrait demain :
Dans la houle des blés monte l’odeur des miches !

V

Dans la houle des blés, près du pavot garance,
Se dressent, cocardiers et provoquants un peu,
La pâquerette blanche et le fin bluet bleu :
Dans la houle des blés rit ton Drapeau, ma France !