Page:Botrel - Chansons de route, 1915.djvu/244

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Qui donc était ce mort ? Quand tomba-t-il ?… Mystère !
Il était de ceux-là qu’on note « disparus »
Et qui devant les yeux des remueurs de terre
Sous un coup de leur pic, un soir, sont reparus ;

On ne dérange pas le corps du camarade :
On salue, on se signe et le travail reprend
Si bien qu’il reste encor, là, sous la fusillade,
Soldat jusqu’au-delà du tombeau : dans le rang !

Et devant l’humble croix saisi d’un trouble étrange,
Je me sentis jaloux de ce mort radieux
Qui, face à l’Ennemi, dans son linceul de fange,
Dormait le grand sommeil des Héros et des Dieux !

(La Boisselle, 13 mai 1915.)