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II

Nous rêvions !…
(…Et, chez nous, les rêveurs sont sacrés
Qui déclaraient, ingénument, la Paix au Monde)
Pendant que, ricanants, ces chacals exécrés
Tendaient vers Toi, déjà, France ! leur mufle immonde !
…Mais, où sont leurs élans farouches de naguère ?
Depuis des mois, ils sont terrés, mornes, peureux ;
Ils menaçaient, hier : ils ne l’osent plus guère
Tant ils nous sentent prêts, et forts, et courageux.
Nous rêvions !…
…Ces gens-là nous ont appris leur Guerre :
Tant pis pour eux !
Tant pis pour eux !

III

Nous aimions !…
…et pour être aimés à notre tour,
De tous les cœurs nous entamions le tendre siège
Alors que ces Judas, bafouant notre Amour,
N’esquissaient un baiser que pour nous tendre un piège.
…Et ce fut la Ruée, enfin, à perdre haleine,
Le Massacre féroce et le Viol hideux ;
Flandre, Artois, Picardie, et Champagne et Lorraine ;
Louvain, Senlis, Arras, Albert, Reims… Ah ! les gueux !!

Nous aimions !…

…Ces gens-là nous ont appris la Haine :
Tant pis pour eux !

TANT PIS POUR EUX !!
(31 août 1915.)

N. D. E. — La 3e série des « Refrains de Guerre » de Botrel paraîtra sous le titre : Chants de Bataille.