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LE VENT QUI RODE




« Hou ! hou ! fait le Vent… Ouvrez votre porte !
— Oh ! que nenni dà ! — Hou ! hou ! que m’importe !
J’entrerai quand même en votre logis !
— Close, toute close est la maisonnée !
— Hou ! hou ! j’entrerai par la cheminée,
Et sans me brûler aux tisons rougis !… »
… Et, comme chez lui, chez nous il se loge,
S’en va de l’armoire à la grande horloge,
De l’horloge au lit des bons vieux parents ;
Et les tout petits sous leurs draps se cachent…
Mais il vient vers eux, car il faut qu’ils sachent
Quel sort les attend quand ils seront grands !…

Savez-vous pourquoi, désertant les flots

Couleur d’émeraude,
Le Vent rôde, rôde

Autour des lits-clos ?

               « Hou ! hou !
Écoutez, petits, dit le Vent qui vente
En adoucissant sa voix d’épouvante,
Écoutez, petits, au lieu de frémir ;
Je viens de très loin vous dire des choses
Comme au grand jamais vos mères moroses
Ne vous en ont dit pour vous endormir ;
Je sais une Fée, à la voix très douce,
Qui, pour bien bercer le beau petit mousse,