Page:Boucher de Perthes - De la misère.djvu/79

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partout prompts et fréquens. C’est une avance que toute ville ne doit jamais hésiter à faire.

Ces médecins seraient chargés en même temps de signaler les faux malades, les faux infirmes ; et si chaque maire dans les communes rurales, ou si, dans les villes, des commissaires spéciaux étaient tenus de fournir annuellement l’état des vrais affligés, des individus réellement incapables de travailler, nos foires, nos marchés et les abords des cités ne présenteraient pas ce luxe de plaies inconnues partout ailleurs, et qui, tenant à l’art d’exploiter la pitié, ne naissent, et ne se perpétuent que par l’encouragement qu’on lui donne.

Un point sur lequel on pourrait encore avec quelque soin améliorer la situation du peuple, c’est le logement. Nous apportons une attention louable d’ailleurs à la construction de nos écuries, de nos étables, de nos bergeries ; nous les mettons dans une exposition convenable ; nous veillons à ce qu’elles soient saines et aérées ; quant aux habitations des êtres humains, de l’ouvrier, du paysan, jamais nous n’y avons songé, peut-être parce qu’il n’y a pas songé lui-même. Aussi, dans nos villes comme dans nos campagnes, les pauvres sont logés moins bien que les animaux, et entassés qu’ils sont dans des trous infectes, on se demande comment ils ne meurent pas tous de la peste ou du rachitisme.

Si l’humanité ne nous engage pas, nous propriétaires, nous magistrats, nous gouvernans, à assainir ces cloaques, que notre intérêt, nous y contraigne. Ce que nous ne faisons point par charité, faisons-le par peur, car c’est de là que sortent tous les miasmes putrides, toutes les contagions, toutes les épidémies qui nous tuent, nous et nos enfans, après nous avoir tué nos pères.

Puisque nous avons des lois sanitaires et des quarantaines, pourquoi ici l’autorité n’interviendrait-elle pas ? Pourquoi ne veillerait elle pas à la construction à la réparation et à la tenue intérieure des maisons, et ne for-