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les ménages ne pouvant pas vivre avec leurs seules ressources. C’est sur cette liste et d’après les indications du comité de bienfaisance, ou des curés des paroisses, que chaque famille riche irait choisir ses pauvres.

Il est sans doute en France beaucoup d’autres causes de misère, et par conséquent beaucoup d’autres moyens de guérison, car ici bas il n’y a aucun mal qui n’ait son palliatif, ni de poison à côté duquel ne soit l’antidote ; mais nous avons assez profondément sondé la plaie pour pouvoir, dès ce moment, tenter le remède. Le ferons-nous ? L’appliquerons-nous avec persévérance ? Je ne sais. Cependant la chose presse, le mal s’étend, la fainéantise se recrute de tous les désordres qu’elle enfante, de tous les orphelins qu’elle fait. Elle a envahi la campagne, elle assiège les villes. Après avoir desséché la propriété, elle dévorera le propriétaire. Hâtons-nous donc.

La mendicité éteinte, la misère cessera. La corruption sera moindre. Il y aura moins de vices, moins de crimes, moins de troubles politiques. Moins souvent la paresse armée se couvrant du masque des révolutions, se lèvera pour dépouiller le travailleur. Alors, propriétaires et industriels, et seulement alors, votre héritage sera assuré à vos enfans ; et vous pourrez dire qu’eux aussi ne seront pas des mendians.

Abbeville, le 16 novembre 1838.

J. BOUCHER DE PERTHES.