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Les environs de Varèze sont cités pour leur beauté, même en ce pays où la campagne est partout admirable. Des points élevés, on jouit de la vue, non-seulement du lac dont la ville porte le nom, mais du lac Majeur que l’on découvre aussi.

Rentré à l’hôtel, on m’annonce que le comte Dandolo est à Milan. Cela me chagrine, car je me faisais un plaisir de le voir.

Pour fiche de consolation, on vient me dire que le souper est servi. Je n’avais rien pris depuis le matin, et j’acceptai la nouvelle avec une satisfaction non dissimulée. Le menu était digne de mon appétit : des truites du lac, du chamois de la montagne, des légumes et des fruits de ces beaux jardins que j’avais admirés, forment un repas très-confortable, et devaient, avec la bonne mine des hôtes, me laisser de Varèze, malgré mes quasi-accidents, un souvenir agréable.

Le fils de mon hôte, M. Cattaneo, me fait voir la place où l’on avait élevé des barricades lors de l’attaque des Autrichiens. Garibaldi était arrivé le 23 mai 1859, dans la soirée, avec ses chasseurs des Alpes. Dès le 24, les Varéziens, se formant en compagnies de volontaires, s’étaient joints aux soldats du célèbre partisan. Le 25, les Autrichiens attaquent la ville. Y trouvant une résistance qu’ils n’attendaient pas, ils se retirent, mais reviennent bientôt avec de l’artillerie. C’est ce qui manquait aux Varéziens, et la ville était en grand danger, quand Garibaldi, sortant, sans être aperçu, avec une troupe d’élite, alla prendre à revers les assiégeants qui, ainsi placés entre deux feux, battirent en retraite en abandonnant une partie de leurs canons.