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J’en viens aux détails. La première chose qui me frappa fut le peu de vivat qui accompagnait le passage de l’Empereur. Je ne vis tomber à ses pieds aucun de ces bouquets ni aucune de ces guirlandes, enfin de ces masses de fleurs qui bientôt allaient pleuvoir sur les soldats.

Après la garde venaient successivement les régiments qui s’étaient particulièrement distingués ; on les applaudissait plus ou moins, selon qu’on aimait le chef, le corps ou son uniforme. Par les vides des compagnies, on reconnaissait celles qui avaient perdu le plus de monde.

Les blessés, comme nous l’avons dit, étaient en tête. Leurs aumôniers les conduisaient ; des infirmiers et des sœurs de charité soutenaient les invalides. Ce spectacle était touchant. Les turcos avaient aussi leurs prêtres et deux sœurs de charité. Une grande partie des vivat et des bouquets sont pour les blessés. On remarque surtout parmi eux un jeune et bel officier qui a perdu ses deux bras.

Les cantinières blessées sont aussi très-fêtées. On remarque beaucoup ces femmes au costume pittoresque dont la couleur et la coiffure varient selon l’arme ou le corps auquel elles appartiennent. Celles des régiments de la garde portent, comme les officiers, des chapeaux à becs qui, sur ces têtes féminines, font le plus singulier effet. Celles des turcos, des zouaves et des spahis ont des fez rouges qui les coiffent beaucoup plus à leur avantage. Ces vivandières, dans les régiments d’infanterie, marchent en tête après les sapeurs.

De tous les corps, ceux qui reçoivent le plus de vivat et de couronnes sont les zouaves. Un chien qui