Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/250

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ordinairement très-douce. On fut également obligé de la tuer : ce fut dans les fortifications que l’exécution eut lieu.

Enfin, le narrateur prétendait qu’en 1856 un troisième éléphant était aussi devenu furieux à Genève, et il n’avait pas bu. Est-ce l’air vif des montagnes qui en était cause ? Dans ce cas, Annibal a eu fort à faire quand il y faisait voyager les siens, et je ne m’étonnerais pas qu’on retrouvât leurs os sur la route. Ceci pourrait donner raison au naturaliste de l’autre siècle qui démontrait si logiquement et surtout si savamment que les os fossiles d’éléphant qu’on rencontre dans les couches transalpines ne pouvaient être que ceux des animaux du général carthaginois. Voltaire lui-même avait, dit-on, adopté cette opinion.

L’arsenal, comme tous ceux de la Suisse, renferme de belles armures anciennes. Il n’est aucune ville en Europe, et probablement au monde, qui ait, relativement à sa population, autant d’établissements utiles, d’institutions publiques, de sociétés d’instruction, d’écoles, de pensionnats, enfin de moyens d’enseignement que Genève. Sciences, arts, industrie, commerce, on peut tout y apprendre, et ceci à peu de frais et bien souvent gratis. On compte soixante mille volumes dans la bibliothèque publique, et six cents manuscrits, parmi lesquels il en est de fort précieux, notamment les Homélies de saint Augustin, sur papyrus du VIe siècle.

Genève, comme nos villes de France, et surtout par l’exemple de Paris, songe à s’embellir et s’étendre. À cet effet, on détruit les fortifications devenues assez inutiles à notre époque.