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et fort, laissant ces dames affronter les monstres qu’il prenait pour autant de serpents à sonnette, battit prudemment en retraite, ne voulant pas même les attendre à l’entrée où les enfants, voyant sa peur, essayaient de lui en fourrer dans les poches.

Au surplus, ce n’est pas la première fois que j’ai rencontré de ces individus très-braves sur tout le reste, bons militaires, bons marins, et tremblant devant une souris, un crapaud, une araignée, etc., et ne pouvant pas, quoi qu’ils fissent, se guérir de ce travers.

Le 1er septembre, je vais voir la cascade de Gresy, où Mme de Broc, qui y accompagnait la reine Hortense, a péri le 10 juin 1813, faute d’avoir accepté la main du meunier qui voulait la soutenir. Dans un passage difficile, elle glissa. Entraînée dans l’abîme, elle n’en fut retirée que morte.

Cette cascade est un diminutif de celle de Tivoli. Elle n’est pas dans son beau : en ce moment l’eau lui fait défaut. La maison du meunier est dans une situation très-pittoresque.

Nous escaladons la tour de Gresy où sont des antiquités romaines. De ce point, la vue est fort étendue.

C’est avec le commandant Scholl et quelques autres personnes que je fais cette promenade. Il nous raconte un fait arrivé au couvent des capucins de Palerme où l’on dépose les morts après les avoir réduits à l’état de momie par l’effet des émanations sicatives d’une caverne dans laquelle on les dépose. Une année suffit pour opérer cette dessication.

J’ai décrit, dans mon voyage en Sicile, l’effet étrange que font ces milliers de corps desséchés, mais dont les