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parente des Berthier. Elle est ainsi alliée à la famille Bryan et à M. Perache, d’Abbeville. Me voilà donc en pays de connaissance. C’est une femme piquante, spirituelle, et dont la figure pétillante d’esprit m’avait frappé tout d’abord.

Nous sommes au 10 septembre : né le même jour en 1788, je commence aujourd’hui ma soixante-douzième année. Je me lève par un beau soleil, avec l’esprit libre et content. Je n’ai pas perdu tout-à-fait mon temps à Aix, j’y ai composé quelques petits morceaux, et j’y ai fait d’aimables connaissances.

On parle de la réunion de ce pays à la France ; les habitants le désirent beaucoup. Il en est ainsi dans toute la Savoie ; on y aime peu les Piémontais, la différence de langage en est une des causes principales. Il en est de même à peu près partout.

Les causes de ces querelles,
De ces procès et débats
Naissant partout sous nos pas
Ici-bas, quelles sont-elles ?
Est-ce l’or ? Sont-ce les belles,
L’amour et ses embarras ?
Non ; c’est qu’on ne s’entend pas.
Babel a brouillé la terre
Et l’on ne s’est chamaillé
Que du jour, jour de misère,
Où l’homme a trop babillé.

Je ne sais pas le langage
Que le père Adam, jadis,
Lorsqu’il était encor sage,
Parlait dans le paradis.
Fût-ce du goth, du vandale,
Du welche ou de l’algonquin
Ou du huron de la halle