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DEUX DE TROUVÉES

Pluchon ce matin qui lui a dit d’ouvrir l’œil pour ce soir. Ainsi, attention et vogue la galère. Mais dites donc, à propos, connaissez vous ce monsieur qui veut se nourrir d’abstinence et prendre le grand air dans notre requiescat in pace, de crainte d’attraper la pituite ?

— Nous ne le connaissons pas, répondirent les deux autres, et toi ?

— Moi non plus ; il paraît tout d’même qu’il vient de la mer, du moins à ce que j’ai pu comprendre, car Phaneuf doit le guetter à la balise et nous l’annoncer ; et vous savez que Phaneuf est parti pour le golfe depuis avant-hier soir.

— Je pense, dit Jacob, que ce monsieur Pluchon n’est pas tout seul là-dedans. Il y a quelque chose dessous tout ça. On ne prend pas un homme, qui arrive de l’autre monde, sans savoir s’il a de l’argent, à propos de bottes.

— Allez donc, vous autres ; il faut le faire vivre tant de temps, tout juste, et après, s’il meurt, tant pis pour le monsieur ! Il y a de l’intrigue, je vous le dis, qu’en pensez-vous ?

— Oh ! mais, sans doute, qu’il y a de l’intrigue, reprit Léon, mais qu’est-ce que ça nous fait ? nous sommes payés, c’est notre métier, et c’est assez ; le reste, le pour et le pourquoi ne m’occupent guères, ainsi attention et vogue la galère.

Léon et François continuèrent à jouer au poker ; Jacob alluma une pipe, se versa un verre de rum et se jeta sur le canapé. Quand il eut fini sa pipe il s’endormit. Au bout d’une heure à peu près, Jacob se réveilla.

— Comment ! vous jouez encore, vous autres.