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DEUX DE TROUVÉES

voici qui aplanira bien des choses, ceci c’est par-dessus le marché.

Et Pluchon lui glissa dans la main un billet de cinquante dollars.

— À la bonne heure, monsieur Pluchon, voilà ce qui s’appelle faire des affaires. Avant le point du jour tout sera bâclé ; ce qui reste de ce noyé sera habillé comme pour le jour de ses noces ; car après le bain vient la toilette. Le pauvre cher homme n’aura pas besoin de se faire raser, car les carancros ne lui ont pas même laissé la chose sur laquelle lui poussait la barbe !

Et la vieille, en prononçant ces paroles en face de ce cadavre ensanglanté par ces immondes oiseaux de proie qui décrivaient des cercles dans les airs en faisant entendre leurs cris lugubres, comme s’ils eussent voulu exprimer leur indignation de ce qu’on venait les distraire de leur festin, se mit à ricaner.

Pluchon, tout accoutumé qu’il était à ces scènes hideuses, ne put s’empêcher d’éprouver un certain sentiment de répulsion aux obscènes paroles de la vieille Coco, et se hâta de pousser la pirogue au large. La nuit était déjà fort avancée, quand ils arrivèrent au lieu du débarquement. La Coco prit la route de l’habitation des champs, et Pluchon celle de la ville, après avoir bien recommandé à la vieille de lui donner le lendemain matin, à sept heures précises, des nouvelles de ses opérations de la nuit.

Le lendemain, le soleil s’était levé brillant et radieux, il faisait une belle matinée de la fin d’octobre. Il n’était pas encore sept heures, et les rues étaient déjà remplies de personnes occupées de leurs affaires. Sur le bord de la levée, un peu au-dessous