Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 1, 1874.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
17
DEUX DE TROUVÉES

eut vu depuis longtemps, soit aux chasses au renard soit aux courses au clocher.

Mais si ces exercices avaient développé chez le jeune Pierre la force de ses muscles, ils avaient aussi un peu trop excité chez lui la disposition à la dissipation. Sans être querelleur par caractère, il trouvait une sorte de jouissance dans l’excitation fiévreuse que procurent l’orgie et les rixes qui presque toujours à la Nouvelle-Orléans, les accompagnaient : il s’y livrait avec trop d’ardeur.

Il était reconnu le meilleur boxeur des cercles du café qu’il fréquentait. Dans un assaut aux coups de poings, il avait fait demander quartier au premier maître de boxe de la cité. Un soir, à la sortie d’une représentation au théâtre d’Orléans, ayant lancé une pierre à travers les vitres d’une lanterne, deux watchmen s’élancèrent sur lui pour l’arrêter : d’un coup de pied il rompit trois côtes à l’un d’eux et d’un coup de poings brisa la mâchoire à l’autre, fit un bond en arrière et en un instant il avait disparu, sans que personne eut pu l’arrêter. Quoique son jeune âge ne fût pas une excuse pour ses escapades, qui devenaient un peu fréquentes, nous devons ajouter néanmoins à sa louange, qu’ayant appris que l’un de ceux qu’il avait blessés était un pauvre homme, père de famille, qu’il venait de priver pour quelque temps des moyens de gagner sa vie, il lui envoya porter sa bourse avec tout ce qu’il y restait d’argent pour ses menus plaisirs de la semaine.

Enfin, une affaire sérieuse que s’était faite le jeune Pierre, à l’occasion d’une affaire d’amour à la guinguette, le força de se cacher pendant plusieurs jours. Il avait eu le malheur de tuer son adversaire dans