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DEUX DE TROUVÉES

de son maître, quoique Tom n’eut absolument rien entendu.

Voici ce qui venait de se passer dans le cachot. Le serpent n’avait pas mordu Pierre de St. Luc, grâce à l’état de complet anéantissement dans lequel l’avait plongé sa défaillance. Le soleil, qui en ce moment entrait par le soupirail du cachot, frappait sur le plancher ; l’instinct du serpent qui lui fait chercher la chaleur, lui fit quitter sa position sur la poitrine de Pierre, et il était aller se baigner dans les flots de lumière et de chaleur que le soleil répandait sur le plancher. Pierre de St. Luc, en sentant disparaître ce poids qui lui pesait sur la poitrine, revint à lui peu à peu et reprit ses sens. En apercevant le serpent qui roulait avec complaisance ses anneaux bleus et gris, aux rayons du soleil, il jeta un cri. C’était ce cri que Trim avait entendu.

Trim ne découvrant rien dans l’appartement d’en bas, s’élança dans l’escalier. La mère Coco venait au secours de ses enfants armée d’une hache, dont elle dirigea un coup sur la tête de Trim. Vif comme un poisson, Trim para le coup, arracha la hache des mains de la mère Coco, et, saisissant la vieille par les épaules, la lança aux pieds de Tom, en lui criant :

— Prendé soin de c’ti-là encore !

La hache à la main, Trim frappe, brise, défonce tout ce qui peut cacher son maître, qu’il appelle de toute la force de ses poumons. Pierre de St. Luc reconnaît la puissante voix de son Trim, son fidèle Trim ! Il n’ose croire à son bonheur, et cependant il se mit à crier de toute sa voix pour guider Trim.

Celui-ci écoute et il entend son maître qui lui crie « de prendre garde à la trappe ! » Cette fois Trim