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DEUX DE TROUVÉES

Le docteur Rivard, après avoir parcouru la lettre, prit une prise de tabac, pour cacher l’émotion que cette lecture lui avait causée, quoiqu’il s’attendit bien, d’après ce que lui avait dit Jérémie, à quelque chose de semblable de la part du Juge. Après s’être mouché, il remit tranquillement la lettre au juge sans lui dire un mot.

— Eh bien, docteur, que dites-vous de cela, reprit le juge après avoir un instant examiné l’impression que la lecture de cette lettre pouvait avoir faite sur sa figure.

— Ma foi, je ne comprends pas, monsieur le juge, où vous en voulez venir, répondit le docteur avec la plus parfaite indifférence. Je savais depuis longtemps que monsieur Meunier avait eu un enfant de son mariage avec cette demoiselle Mousseau dont parle cette lettre ; mais la mère mourut en couches et l’enfant est mort depuis longtemps, du moins à ce que j’ai toujours entendu dire à ce pauvre monsieur Meunier.

— Comment, l’enfant mort ! reprit le juge avec vivacité.

— C’est ce que monsieur Meunier a toujours cru, quoiqu’il me semble lui avoir entendu dire qu’il n’avait jamais pu en obtenir de preuve certaine.

— Ah ! continua le juge, comme si un poids eut été ôté de dessus sa poitrine, monsieur Meunier n’a jamais eu de preuve certaine de la mort de son enfant !

— C’est ce qu’il m’a dit, du moins, quoiqu’il fût bien persuadé que son pauvre petit Alphonse n’existât plus.

— Savez-vous ce qui a porté M. Meunier à croire à la mort de son enfant ?