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DEUX DE TROUVÉES

qui était tournée vers la lampe, s’assombrissait. Le juge s’en aperçut et lui dit :

— Qu’avez-vous donc, docteur ?

— Vous m’effrayez, M. le juge, répondit celui-ci, je n’avais pas fait la réflexion à l’immense responsabilité, que cette découverte va faire peser sur moi. Il m’est impossible de l’accepter. Il faudra de toute nécessité qu’il y ait un autre tuteur de nommé à l’héritier de M. Meunier !

— Impossible, répondit le juge.

— Impossible ! Et comment ça ?

— D’abord parceque la loi veut que celui qui, en retirant un aliéné de l’hospice, s’est fait nommer son tuteur, le demeure jusqu’à la majorité du pupille, si alors le pupille est jugé en état, sur avis de famille, d’administrer ses biens ; autrement le tuteur conserve ses fonctions jusqu’à sa mort ; en second lieu, parceque quand même vous ne seriez pas déjà irrévocablement le tuteur du jeune Meunier, je vous obligerais de le devenir, car vous êtes la seule personne digne et capable d’avoir soin et d’administrer consciencieusement sa succession.

— Mais, M. le juge, mon âge, mes occupations, mon incapacité dans les affaires !

— Votre âge ? raison de plus ; vos occupations ? vous les abandonnerez, s’il le faut, pour ne vous occuper que de l’administration des biens de votre pupille ; votre incapacité dans les affaires ? vos talents, vos connaissances, votre intégrité, votre ponctualité et votre scrupuleuse attention vous en tiendront lieu !

— Oh ! si j’avais su, je n’aurais jamais accepté la tutelle !