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DEUX DE TROUVÉES

convalescence, je veux que vous soyez comme frère et sœur ; ainsi, mes enfants, embrassez-vous.

— Eh bien, oui, reprit le capitaine, soyons frère et sœur, viens m’embrasser, Mathilde, viens comme autrefois.

La jeune fille s’approcha toute confuse et se penchant vers Pierre, celui-ci déposa sur son front un baiser plein de respectueuse bienveillance pour la fille de la respectable madame Regnaud.

— Je suis un peu faible, continua le capitaine, si vous me le permettez, je me coucherai un instant.

— La chambre de Pierre est-elle prête, Mathilde ?

— Oui, maman.

— C’est bien, nous allons lui donner le bras pour l’y conduire, pendant que Trim courra chercher le docteur. Et quel docteur veux-tu qu’on envoie chercher, Pierre ?

— N’importe lequel, je ne crois pas qu’il y ait rien de sérieux ; envoyez chercher le médecin de la maison.

— Nous n’en avons pas.

— Eh bien ! envoyez chercher le docteur Rivard.

En entendant prononcer le nom du docteur Rivard, Mathilde tressaillit et sa figure exprima une telle sensation de frayeur que le capitaine en fut frappé, quoiqu’il fît semblant de ne pas s’en être aperçu.

— Pas celui-là, Pierre, répondit madame Regnaud d’une voix brève ; j’ai des raisons pour que le docteur Rivard ne mette jamais les pieds dans ma maison.

L’agitation de madame Regnaud n’échappa pas à l’œil du capitaine, non plus qu’à Trim, qui avait