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DEUX DE TROUVÉES

Les funérailles du capitaine Pierre de St. Luc ont eu lieu à la cathédrale, à midi précis. Une foule immense assistait à la cérémonie ; la présence des matelots du Zéphyr et du Sauveur, rangés quatre de front à l’arrière du cercueil, donnait à la procession un air de solennelle grandeur. »

Le capitaine lut à deux reprises l’article du Courrier, sans pouvoir y rien comprendre. Il regarda à la date de la publication ; c’était celle du 1er novembre 1836.

— Mais c’était bien avant-hier ! se dit le capitaine, en relisant l’article pour une troisième fois. Oui, c’est ça, c’est bien ça… Comment ? M. Meunier mort ! et moi mort, noyé, enterré… mes funérailles… mes matelots à mes funérailles ! — oui, c’est bien ça. Et pourtant, je ne dors pas… En vérité, je n’y comprends rien !

Le capitaine mit le journal sur la table, se rejeta en arrière dans le fauteuil, et le front appuyé dans ses deux mains, les coudes aux bras du fauteuil, il se mît à réfléchir. Mais plus il réfléchit à ce que contenait le Courrier, plus les choses lui parurent énigmatiques, à l’exception néanmoins de la mort de M. Meunier, son bienfaiteur, son père ; plus que son père, puisque son père il ne l’avait jamais connu.

Pierre sentit son cœur oppressé d’une immense douleur ; et à mesure que surgissaient à sa mémoire les vertus, les bontés, la tendresse, les attentions et les bienfaits de M. Meunier pour lui, il se sentait de plus en plus accablé sous le poids du coup dont il était frappé, dans ce qu’il avait de plus cher au monde, la personne dans laquelle il avait concentré toutes ses affections et son amour filial.