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DEUX DE TROUVÉES

— Pas d’objection.

— Et que pensez-vous faire ?

— J’aurais voulu rester pour essayer de sauver mes camarades ; mais puisqu’il n’y a pas moyen, il n’y a plus qu’à me sauver moi-même, après avoir enlevé Miss Thornbull, si elle ne veut pas venir de bonne volonté.

— Et croyez-vous qu’elle ira ?

— Je ne sais.

— Et comment vous sauverez-vous ? je vous conduirai bien à la mer dans mon cutter, mais je crains que tous les navires en passant ne soient soumis à une stricte recherche.

— Tu as raison, aussi ce n’est pas par le Mississipi que je pense me sauver. Ma corvette a ordre de croiser, pendant une dizaine de jours, en vue de la baie de Barataria, et c’est à la grande Isle que j’irai les joindre ou les attendre.

— Vous pourrez vous perdre dans les prairies.

— Je connais trop bien les bayous et les lacs et les îles ; j’y ai passé assez souvent. Peut-être aurai-je besoin de toi pour m’accompagner.

— Bien volontiers.

Cabrera demeura caché dans la maison de Phaneuf, jusqu’au lendemain soir. Vers six heures il se rendit, déguisé et armé, à la place Lafayette où il attendit Miss Sara Thornbull, qui avait reçu son billet le matin. La place était déserte, quoiqu’il ne fît pas encore nuit close. Il régnait une espèce de crépuscule très favorable à Cabrera ; il ne faisait pas assez clair pour distinguer les personnes à cinq pas, et les lampes n’étaient pas encore allumées dans les rues. Il s’assit sur un banc au milieu du quarré