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UNE DE PERDUE

Pluchon trembla de tous ses membres ; le capitaine s’en aperçut et continua :

— Oui, malheureux ! la loi vous condamne à être pendu ! et vous n’avez rien pour que la loi ne s’appesantisse point sur vous dans toute sa rigueur. Point de raison, point d’excuse, pas même un semblant d’excuse. Vous avez vous-même préparé et conduit tout ce complot, par un pur sentiment de malice, par l’infernal désir de commettre un crime ! Non seulement vous avez voulu commettre un crime dont l’horreur étonne ; mais encore vous avez voulu rendre d’autres vos complices ! Pour eux, peut-être plus à plaindre qu’autrement, ils ont au moins l’excuse d’avoir obéi aux ordres d’un maître. Mais vous, vous n’aviez d’autre maître que votre cœur méchant et corrompu ; vous n’agissiez que d’après votre volonté, ou plutôt d’après l’instigation du diable qui vous poussait.

Pluchon baissa la tête et tressaillit.

— Quand on agit, comme vous, sans autre motif que celui de commettre un assassinat, continua le capitaine, pour le simple plaisir de le commettre ; quand on n’a pas même l’excuse d’avoir été la dupe d’un plus habile et plus méchant que soi, de n’avoir été que l’agent secondaire dans la commission d’un forfait qu’un autre aurait mûri dans son esprit, préparé dans sa tête et combiné dans tous ses détails… oh ! alors, que celui-là soit maudit et qu’il meure !

Le capitaine s’était levé en prononçant ces dernières paroles.

— Pardon ! pardon ! cria Pluchon, d’une voix étranglée et se jetant à genoux aux pieds du capitaine.

Celui-ci lança un regard si plein de dédaigneuse