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UNE DE PERDUE

ne point rencontrer le regard de tous les yeux fixés sur lui et qui semblaient se réjouir de sa confusion et de sa déconvenue.

Le juge se sentit ému de compassion pour les pénibles sentiments qu’éprouvait le docteur Rivard, qu’il avait lui-même poussé à faire cette démarche.

— Messieurs, dit le juge d’un accent solennel, je dois à la vérité et au caractère de M. le docteur Rivard de dire, que c’est à ma sollicitation qu’il a présenté cette requête à la Cour. Trompé moi-même par les circonstances, et convaincu par la coïncidence des événements qui entourent l’existence de l’orphelin Jérôme et du fils de M. Meunier, que les deux enfants devaient être la même personne, je réussis à convaincre le docteur Rivard que l’orphelin Jérôme n’était autre que le petit Meunier, malgré les objections du docteur qui prétendit obstinément que le fils de monsieur Meunier devait être mort, quoiqu’il n’en eut pas la preuve. Ainsi cette circonstance ne doit nullement affecter la réputation du docteur.

— Loin de moi, reprit M. Préau d’une voix un peu émue, de vouloir jeter le moindre louche sur le caractère et les intentions de M. le docteur Rivard. Je n’ai pas le moindre doute que, s’il eût connu la mort du fils de M. Meunier, il n’eût jamais consenti à présenter la Requête qui occupe la Cour en ce moment. Loin de moi l’idée d’aucune imputation injurieuse ; au contraire je dois lui rendre justice de dire que s’il était persuadé, comme j’en suis convaincu d’après ce que vient de dire votre honneur, que son pupille était le véritable héritier de M. Al-