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DEUX DE TROUVÉES

un peu ancien, c’est vrai, c’était deux ans avant que j’eusse l’âge de raison.

— Et depuis combien de temps l’avez-vous votre âge de raison ? demanda une agaçante petite voix, qui semblait venir de l’escalier de la cabine.

— Oh ! mademoiselle Clarisse, est-ce vous ? comment vous trouvez-vous ?

Sir Arthur fit un signe sévère à sa fille, qui supprima sur ses vermeilles petites lèvres, quelque sarcastique remarque prête à s’échapper.

— Mais mieux, bien mieux, merci. Et vous, comment vous sentez-vous du mal de mer ?

— Le grand air me fait du bien, et d’ailleurs l’espèce d’imperceptible émotion que m’a causée, par rapport à vous et à mademoiselle Sara, l’annonce de deux voiles étrangères, m’a complètement guéri.

— Vous êtes bien bon, monseigneur, de vous inquiéter ainsi de nous.

— Au contraire, voyez-vous, nous autres militaires, nous sommes les protecteurs nés du sexe le plus faible.

Le mot Don Quichotte vint trembler sur les lèvres de Clarisse.

— Mais, à propos, continua le comte, où sont-elles ces voiles étrangères ? j’ai beau regarder partout, je ne vois que le ciel et l’eau.

— On ne les voit pas encore, répondit Clarisse en jetant un coup d’œil au capitaine, il commence à faire sombre, mais du haut du mât, on a parfaitement pu distinguer que c’était deux vaisseaux pirates. Il est tout probable que demain nous serons attaqués !