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DEUX DE TROUVÉES

polacre, sous toutes ses voiles, et offrant au vent tous les chiffons de toile qu’elle pouvait porter. À cinq ou six milles en arrière, une corvette, qui elle aussi charriait de la voile autant qu’elle en pouvait porter, faisait tous ses efforts pour gagner au vent du Zéphyr.

La polacre semblait attendre la corvette, car elle commença à rentrer ses bonnettes et à amener ses perroquets volants.

L’officier de quart crut qu’il était à propos de réveiller le capitaine, et il descendit dans la cabine.

— Capitaine, deux voiles en vue !

— Et après ?

— Je n’aime pas leurs manœuvres !

— À quelle distance ?

— L’une par notre travers, au vent ; et l’autre à cinq ou six milles en arrière.

— Quelle espèce de navires ?

— Le plus près est un trois-mâts. Je n’ai pas pu bien distinguer, mais j’ai cru entrevoir des sabords. Le second est à peine visible.

Le capitaine sauta à bas de son hamac, saisit sa longue-vue et monta sur le pont.

L’aurore commençait à poindre ; une lueur pâle et faible semblait sortir des flots vers l’Orient ; de gros nuages noirs, poussés par la brise, semblaient courir au dessus des mâts.

D’un coup d’œil le capitaine reconnut que c’était une polacre, armée en guerre. Il ne pouvait encore reconnaître le vaisseau qui était à l’arrière, et qui apparaissait comme une masse noire, s’avançant en roulant sur les ondes, comme le génie des tombeaux.