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UNE DE PERDUE

temps bas et sombre. Aucun souffle de vent ne ridait la surface des eaux. Le timonier avait quitté la barre et regardait, par-dessus le couronnement de poupe, la mer qui phosphoresçait lorsque quelque poisson venait soudre à la surface de l’eau. Les gens de quart, assis par groupes, conversaient entre eux et fumaient.

Il n’y avait pas d’apparence de vent. Tout annonçait une nuit tranquille. Peu-à-peu les passagers descendirent à leurs cabines et se couchèrent.

Le capitaine Pierre fit le tour du navire, examina soigneusement toutes choses, fit mettre les canons en serre, après quoi il appela l’officier de quart.

— Vous aurez soin, lui dit-il, de tenir constamment une vigie à la hune d’artimon, et de veiller strictement les mouvements de la corvette à l’arrière. Au moindre signe de brise, faites-moi éveiller. Surtout, veillez la corvette.

— Oui, mon capitaine.

Le capitaine Pierre descendit se coucher, non sans quelqu’inquiétude à l’endroit des pirates.

Quatre coups viennent d’être piqués sur la cloche. Les passagers dorment profondément ; le capitaine ronfle ; le Zéphyr est immobile, comme une sentinelle des horse-guards à Londres ; le matelot qui vient de piquer la cloche fait entendre son monotone refrain « à l’autre bon quart ! Tout repose à bord du Zéphyr. »

Cependant tout ne reposait pas à bord de la corvette. Qui eut pu voir ce qui s’y passait et entendre ce qui s’y disait, eut entendu beaucoup de choses et vu beaucoup de mouvements et d’activité. Il eut vu des canots, des chaloupes et toutes les embarcations