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EMPARONS-NOUS
DE L’INDUSTRIE
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« Je me rallie sans réserve aux hommes honnêtes de tous les partis qui désirent sincèrement avec la gloire de leur pays, le bien-être des travailleurs et le progrès de l’esprit humain. » — P. J. Proudhon.


Les Canadiens-français ont à cœur de continuer en Amérique les traditions civilisatrices du pays de leur origine, et il faut avouer qu’ils n’ont pas à rougir de leurs débuts. Ce peuple s’est tiré presque du néant par la force de sa volonté, et en étudiant son histoire l’on découvrira peut-être quelque analogie entre lui et ces essaims célèbres, dont l’un, sous Guillaume de Normandie, civilisa la Grande-Bretagne, dont certains autres, après la révocation de l’édit de Nantes, firent la richesse de leurs pays d’adoption en y implantant l’industrie.

Si comme le dit Thiers, la France eut la gloire de doter le monde des meilleures lois civiles, et l’Angleterre celle de lui fournir le meilleur système politique, ce fut le Canada — surtout le groupe français du Canada — secondé, il est vrai, par l’opinion éclairée de la Grande-Bretagne, qui inaugura le meilleur système colonial en contribuant à donner au système constitutionnel anglais une extension impériale ; réforme qui, tout en rencontrant les aspirations de nos compatriotes, donna à l’empire britannique une stabilité plus grande et une nouvelle gloire.

Le peuple Canadien-français en participant activement à une aussi grande réforme, fit certainement preuve de supériorité. Ce sont les causes qui donnèrent lieu à cette supériorité que nous désirons examiner au commencement de cette étude, qui traitera de notre situation industrielle au double point de vue économique et national.