Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/151

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III

J’ai vu ton corps paré d’une robe de fête.
J’étais à toi, Nature ; et pourtant j’ai voulu
Te le donner encor, ce cœur irrésolu.
Tu t’es montrée à moi dans ta beauté parfaite.

Il fallait à mon âme un ciel plus radieux,
Un pur soleil qui fût comme ton cœur visible,
Une terre féerique, épuisant le possible,
Un air chargé d’ivresse et tout peuplé de dieux.

Laissant derrière moi la Méditerranée,
Plus loin que la Mer rouge au ciel lourd et terni,
J’ai fui, plein d’espérance, altéré d’infini,
Par les beaux sentiers bleus d’une mer fortunée.

Avec des chants confus et de faibles sanglots
Les vagues palpitaient comme l’eau d’une coupe ;
Et le soir je voyais, seul, assis à la poupe,
Le soleil fatigué descendre vers les flots.