Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/155

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Paix profonde, silence entrecoupé de voix…
Dans l’air tourbillonnaient de fines plumes blanches ;
De lestes écureuils sautaient parmi les branches ;
Les perroquets joyeux sifflaient au fond des bois.

Je voyais, à travers les lianes fleuries,
Miroiter la rivière aux exquises fraîcheurs ;
Colibris d’émeraude et bleus martins-pêcheurs,
Vous avez traversé mes longues rêveries…

L’homme ne m’a rien pris de mes félicites.
Dans les chemins perdus, loin des bruits de la ville,
Je les aimais, les fils indolents de cette île,
Pour leur grâce animale et leurs yeux veloutés.

Le soir, avec lenteur, ils regagnaient leurs cases
Dans de longs chariots traînés par des zébus ;
Je me sentais pareil aux rêveuses tribus,
L’esprit flottant, les yeux illuminés d’extases.

Le crépuscule était rapide, mais si doux…
Puis la ruche du ciel étincelait d’abeilles ;
Et tu me pénétrais, Nature qui sommeilles
Dans les regards profonds et tendres des Indous.