Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/169

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V

Mais pourquoi, malgré tout, mon âme est-elle triste ?
Quand j’espère un amour délivré de la chair,
D’où vient que ma raison secrètement résiste
Et fait de ce doux rêve un plaisir presque amer ?

Cette extase du cœur, sans souillure ni blâme,
L’avenir lumineux qui déjà me sourit,
Le choix libre et sacré d’une âme par une âme,
Ah ! tout cela n’est-il qu’un songe de l’esprit ?

J’exècre dans l’amour les brutales ivresses ;
Mais qui m’emportera vers de chastes sommets ?
Est-il de saints baisers, de divines caresses.
Une étreinte sublime et qui dure à jamais ?

Ce matin, respirant la vie universelle,
J’ai senti mon cœur battre et bouillonner mon sang ;
Suis-je pur de désir, lorsque j’évoque celle
Dont je voudrais baiser le voile frémissant ?