Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/174

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VIII

Vers l’horizon, parmi des nuages d’encens,
Dans sa robe écarlate aux plis lourds et puissants.
Le radieux Soleil, mitré comme un roi mage,
A quelque Enfant divin va porter son hommage.
Tout est paisible. Il flotte une poussière d’or.
L’alouette, qu’emporte un fulgurant essor,
Comme une flèche vers le bleu zénith s’élance,
Et ses trilles aigus déchirent le silence.
Une large lumière enveloppe les cieux ;
Mais, pressentant le doux crépuscule, mes yeux
Une dernière fois s’enivrent de la terre.
J’aspire à pleins poumons son parfum salutaire.
Des faucheurs fatigués reviennent lentement,
Et sur leurs faux reluit le rouge firmament.
À cette heure de gloire et de magnificence,
O mon âme, sens-tu renaître ta puissance ?