Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/256

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LA VOIX

Les cieux, mon bien-aimé, demain se voileront ;
Mais, avant de mourir, écoute et sois mon juge.
L’homme a voulu déchoir ; il n’a point de refuge
Qui puisse le sauver au jour de ma fureur,
Et ses pas inquiets s’enfoncent dans l’erreur.
Nue et loin de son Dieu, pleure la créature.
Un crime irréparable assombrit la nature ;
Je n’entends plus chanter l’étoile du matin !
Pouvais-je abandonner le monde à son destin ?
Je t’ai dit : « O mon Fils, va racheter la terre.. »


LE CHRIST

Je descends, éperdu, dans mon propre mystère.
Alors je reposais ma tête sur ton cœur,
Et j’écoutais, ainsi qu’un murmure, le chœur
Des séraphins tournés vers ta gloire terrible.
Les anges, sous mes pieds, secouaient de leur crible
La neige éblouissante et vierge des soleils,
Qu’un large souffle emporte et mêle aux cieux vermeils :
Sans fin tes serviteurs enrichissent l’abîme.
Et moi, levant les yeux vers ton regard sublime,